LE DEBARQUEMENT




Dans la nuit du 5 au 6 juin, une énorme armada, la plus formidable jamais rassemblée dans l'histoire de l'humanité, approche des côtes françaises: 2.727 bateaux des types les plus variés chargent ou remorquent plus de 2.500 engins de débarquement (LCT, LSI, LST, ...), escortés de plus de 700 navires de guerre, dont 23 croiseurs, 5navires de combat, plus de 104 CT. Pour s'opposer à cette armada, les Allemands disposent de: 3 CT, 35 vedettes lance-torpilles et de 34 U-Boote. On compte 21 convois américains et 38 anglo-canadiens, partis pratiquement de toute la côte sud de l'Angleterre, et transportant hommes et matériel de la première vague d'invasion vers les côtes normandes. Les Américains débarqueront sur les plages dites en code: "Utah" et "Omaha", et les anglo-canadiens sur "Gold", "Juno", et "Sword".







Larguage des paras britanniques.


Le 6 juin à 3h14, le bombardement aérien des plages choisies commence. A 3h30, des parachutistes et groupes aéroportés sont largués, en l'absence de toute réaction organisée des Allemands. De nombreux parachutistes se noyeront dans les marais et dans les marécages créés par Rommel en faisant inonder la vallée de la Dives. Un certain nombre de planeurs s'écrasent au sol lors de l'atterrisage, et leurs occupants sont tués. Mais le gros des forces, soit environ 18.000 hommes, parviennent à se regrouper et à remplir les tâches qui leur sont assignées: démanteler le système de comunications adverse, provoquer le maximum de confusion, occuper tous les ponts importants avant que les Allemands ne les fassent sauter. A l'aube, les parachutistes tiennent le pont de Caen et l'un des ponts sur l'Orne. Saint-Mère-Eglise est la premiere ville française libérée, à l'aube du 6 juin, par des parachutistes américains.


Larguages des paras US.

A 5h50: 600 navires de guerre escortant le gigantesque convoi pilonnent les défenses côtières.


Bombardement naval.


A 6h30: le XXI groupe d'armées allié, commandé par Montgomery, commence à débarquer. La IIe armée britannique de Dempsey prend pied sur les plages qui lui sont assignées à l'embouchures de l'Orne, la Iere armée américaine de Bradley sur les plages de la presqu'ile du Cotentin.


Les engins de débarquement, déchargés de leur navire, se dirigent vers la côte.


La couverture aérienne est impressionnante, le tir des canons de marine meurtrier. Pour éviter toute surprise, les navires des convois sont précédés par des dragueurs de mines et protégés par le barrage de ballons captifs. Peu à peu, arrivent les 145 grands caissons flottants de béton remorqués destinés à la construction des ports artificiels Mulberry en mesure d'accueillir des navires de 10.000 tonnes, et les éléments des pipe-line préfabriqués qui alimentera l'armée en carburant.
Lorsque enfin, après tant d'heure, les chefs militaires allemands réalisent qu'il s'agit bien de l'invasion, et non pas d'une opération de diversion, Rundstedt donne l'ordre de contrecarrer l'avance des Alliés avec la 12eme Panzer SS et la Panzerlehr.


Deux GI viennent au secours d'un officier américain blessé pendant le débarquement en Normandie.


Si l'heure H pour les troupes de débarquement alliées a été 6h30 le 6 juin, pour les parachutistes anglo-américains ce sera minuit. C'est à cette heure, en effet, que commencent à s'ouvrir dans le ciel de Normandie les premiers parachutes des envahisseurs: 3 divisions aéroportées (82e, 101e américaines, et la 6e britannique), au total entre 20 et 22.000 hommes, largués à l'intérieur des terres à hauteur d'Utah Beach, entre Sainte-Mère-Eglise et Carentan (pour la 82e et la 101e), et Sword Beach, à l'est de l'Orne, dans le secteur de Caen (pour la 6e britannique). Le but de l'opération est clair: couvrir et faciliter le débarquement allié dans ces deux secteurs clés pour la prise de Caen et du Cotentin.
Peu après 1 heure, au commandement du 84e corps allemand, à St-Lô, les messages des unités côtières commencent à parvenir, annonçant l'atterrissage de parachutistes dans la région de Ranville-Bréville et en bordure nord du bois de Bavent, au nord-est de Caen, ainsi que dans la presqu'ile du Cotentin, près de Sainte-Marie-du-Mont et de Saint-Germain-de-Varreville.
Pour la 6e division anglaise, tout marche bien, et à 3h30, lorsque le général Gale, à la tête de la troisième vague, met pied à terre, une bonne partie des objectifs sont atteints: entre autres, la tête de pont de Ranville est consolidée, les batteries côtières de Merville sont détruites, les ponts sur la Dives ont sauté. Un seul inconvénient: près de la moitié des quelque 5.000 hommes qui forment la division sont dispercés et ne répondent pas à l'appel.


parachutiste US et son équipement...

Cet inconvénient, les Américains vont également le connaître: marécages, boue, obscurité rendent hypotétique le rassemblement et dérangent les plans si longuement mûris: sur les 13.000 hommes des 2 divisions américaines, quelques milliers seulement parviennent à se regrouper, et à l'aube très rares sont les unités qui se présentent au lieu prévu. Toujours est-il que la 101eme division réussit à prendre le contrôle de la zone située entre Saint-Martin-de-Varreville et Pouppeville, d'où elle s'apprête à couvrir le débarquement de la 4eme division américaine à Utah Beach. Plus à l'intérieur, la 82eme division aéroportée enlève Sainte-Mère-Eglise, mais manque 2 objectifs importants: la traversée de la Douve et du Merderet, et la jonction avec la 101eme division.
Le débarquement a commencé à 6h30 et les premiers à prendre pied sur le sol de Normandie sont les Américains de Bradley, avec le 7eme corps du général Colins sur Utah Beach, et le 5eme corps de général Gerow sur Omaha Beach. A Utah Beach, tout marche pour le mieu et à midi, les avant-gardes de la 4eme division américaine avancent sur la route de Pouppeville et Sainte-Marie-du-Mont pour tenter la jonction avec les parachutistes de Taylor (101eme div.); en revanche, devant Omaha Beach, la mer démontée, le ressac et la réaction meurtrière des unités de la 352eme divisions allemande rendent la situation de hommes du général Gerow extrêmement critique: les péniches de débarquement sont difficiles à manoeuvrer dans les vagues, et une bonne partie des chars amphibies lancés en mer sont engloutis avec leurs équipages.
Sur les plages Gold, Juno et Sword, où les détachements de la IIeme armée britannique de Dempsey prennent pied, la mer cause également des dégats, mais pas aussi graves qu'à Omaha. Vers midi, de la plage Gold, objectif du 30eme coprs britannique du général Bucknall, la 50eme division pousse sur Arromanches et Ver-sur-Mer; sur Juno, la 3eme division canadienne a contourné les défenses de Courseulles, prenant position sur les collines derrière la ville; enfin, dans le secteur Sword, la 3eme division d'infanterie et 3 groupes de commandos se portent à Biéville-sur-Orne, à 4 km environ de Caen.
A midi, le premier ministre britannique, Churchill, s'adressant à la Chambre des communes, annonce le débarquement en Normandie: "... La première série de débarquements en force sur le continent européen a commencé au cours de la nuit. Cette fois, l'assaut libérateur s'est effectué sur la côte de France...L'unité la plus complète règne parmi les armées alliées."
Dans l'après-midi, les défenses allemandes sont en mesur d'opposer une résistance éfficace, notamment dans le secteur de Caen, où le 22eme régiment de panzers stoppe l'avance des Anglais vers la ville, tandis que le 192eme régiment de Panzergrenadiere pousse jusqu'à la mer entre les plages Juno et Sword.
Entre-temps, dans le secteur Gold, la 50eme division, renforcée par la 8eme brigade blindée, approche de Bayeux.
A Utah Beach, dans le secteur américain, entre 12h15 et 12h30, la 101eme division aéroportéeopère sa jonction avec le 7eme corps américain, tandis que sur Omaha Beach, l'avance des unités du 5eme corps américain est très lente, bloquée par la résistance tenace des régiments de la 352eme division d'infanterie allemande: à la tombée de la nuit, la pénétration américaine ne dépasse nulle part 1,5km.
En fin d'après-midi, Romel, commandant du Heeresgruppe B, arrive à son quartier général de La Roche-Guyon. Nullement convaincu qu'il s'agit là de la grande offensive alliée en territoire français, il s'apprête à lancer ses contre-attaques contre les têtes de pont anglo-américaines, selon les directives de Hitler, qui a donné l'ordre de rejeter les envahisseur à la mer "dans la nuit". Il peut compter sur la VIIeme armée de Dollmann, composée du 84eme et du 47eme corps blindé, dont la 21eme division est l'une des premières unités à être lancée contre les Anglais dans les secteurs Juno et Sword. En revanche, il ne peut disposer de la XVeme armée, employée à l'est du front de débarquement; Hitler a d'ailleurs formellement interdit qu'on fasse appel à elle pour les opération en Normandie: le Führer reste en effet persuadé que la véritable invasion n'a pas encore commencé et qu'elle n'aura sûrement pas lieu en Normandie.
Toujours est-il qu'à la tombée de la nuit la bataille cesse sur le front: les Alliés sont trop exténués pour envisager la poursuite de l'offensive, et, de leur côté, les Allemands ne possèdent ni matériel ni troupes suffisantes pour lancer une contre-attaque de grand style.


Forces allemandes présentes en Normandie.

Aussi, sur le plan tactique, les objectifs alliés fixés pour le 6 juin n'ont été atteints sur aucune des plages; toutefois, le jour J reste un grand succès pour les Anglo-Américains qui ont débarqué 155.000 hommes sur le sol français. Il n'est désormais plus possible de les rejeter à la mer, et, une fois de plus, l'avenir donnera raison à Rommel, qui, depuis toujours, soutient que perdre la première bataille, celle des plages, signifierait ouvrir le continent européen à l'invasion.

VOIR LA CARTE COMPLETE DE LA BATAILLE DE NORMANDIE


toutes les cartes de cette page, sauf la deuxième, viennent du site www.6juin1944.com.

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